Et pourtant il était si adorable

Et pourtant il était si adorable

Je voulais crier, mais sa main bloquait les sons qui sortaient de ma bouche. Il était complètement sur moi, appuyant tout le poids de son corps, je le sentais lourd et fort. J’essayais en vain de me débattre, mais je n’étais pas de taille contre lui. Des larmes coulaient de chaque cote de mon visage, je revois encore la noirceur de ses yeux, il se délectait de la vision de mon visage terrifier…

Je venais tout juste d’avoir 18 ans, j’avais rompu avec mon petit copain de l’époque et pour mettre un trait sur cette histoire, mais également pour l’oublier j’avais accepté un contrat comme G.O « Gentil organisateur » dans un Club Med. Mon travail consistait à répondre aux caprices des clients et sincèrement je trouvais que nous avions des postes très ambiguës. Nous étions tous très polyvalents et il fallait être capable de changer de secteur d’activité assez vite. Il fallait surtout s’occuper de satisfaire les besoins de la clientèle du Club Med et elles étaient vraiment très exigeantes croyiez-moi, donc pas de routine cela me convenait. Mon contrat était de 6 mois jour pour jour et je venais tout juste de terminer le deuxième. On m’avait assigné à la gestion du bar « Le Galaxie ». Je m’occupais du bon déroulement de la soirée, la gestion des stocks d’alcool et des boissons et je gérais les deux barmaids.

Le Galaxie était magnifique, c’était le club où venir danser sur l’île. Une belle discothèque donnant directement sur le lagon. La piste de danse était sur pilotis et nous avions une vue imprenable sur les clairs de lune. Parfois à la fin de mon chiffre, vers 2 heures du matin avant de rentrer je restais assise sur le rebord de la balustrade de bois, les jambes ballottant dans le vide, je fixais l’horizon un léger vague à l’âme accompagnant mes soirées. À cette époque, je voulais fuir ma vie d’adolescente, j’aurais tout donné pour être loin de tous les problèmes familiaux. Mais entourer d’eau et placer sur une île minuscule loin de tout ou vouliez-vous que je parte m’exiler… Alors je prenais les quelques moments de liberté et

de calme que je pouvais trouver. Je recherchais l’oubli dans les soirées dansantes, les flirts sans lendemains, un bref moment de semblant de bonheur et de paix.

Lors des soirées dansantes organisées au Galaxie, beaucoup de locaux de l’île venaient se mélanger aux touristes venus prendre du bon temps. Dieu m’est témoins que j’en ai vus des choses et entendus aussi. Cette magnifique plage de sable blanc en a porté des amants d’un soir et la lune elle-même pourrait corroborer mes récits. Je me rappelle mes collègues masculins qui se racontaient leurs aventures de la veille avec les touristes, parfois quelques-uns d’entre eux comparaient leurs exploits avec la même femme. Les paris étaient souvent lancés et chaque soir un gagnant ressortait victorieux au petit matin. Rien n’était difficile, le lieu s’apprêtait parfaitement aux libertinages et à la débauche.

Ce soir-là, j’avais mis une robe longue noire en viscose, elle était ouverte des deux côtés laissant mes cuisses bronzer à l’air libre. Un léger nœud là retenait à mon cou, elle laissait mon dos complètement nu, le tissu léger flottait à chaque brise de l’alizée. Je me revois encore descendre les longues marches de béton qui menaient au bar, à l’intérieur de chaque marche une lumière était incrustée, cela créait des ombres chinoises sur le long mur de pierre qui séparait la cour de l’hôtel et la plage. Les cocotiers dansaient sous le vent chaud et humide, j’adorais sentir l’odeur des fleurs qui parfumaient divinement la place. Droite, fière, je plaçais un après l’autre bien calculer mes pas, regardant devant moi, observant les gens qui croisaient mon chemin. Quelques sourires fugaces de politesse, une œillade au DJ, je franchis la porte d’entrée de la discothèque.

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